Les perturbateurs endocriniens (PE) font souvent parler d’eux (médias, lanceurs d’alertes, professionnels de la santé...). Si ce sujet complexe est anxiogène pour certains, on constate pourtant qu’une trop grande part de la population ne se sent pas concernée par l’exposition aux composés chimiques. Or on sait aujourd'hui qu'ils peuvent avoir des répercussions sur nos enfants et petits enfants. Il reste donc du chemin à parcourir pour que chacun( e) soit bien informé(e) des risques et des gestes quotidiens pour les limiter.
Zoom sur les perturbateurs endocriniens
Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques
exogènes pouvant interagir avec le système endocrinien et perturber son
fonctionnement normal. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ces
substances peuvent altérer la production, la libération, le transport, le métabolisme
ou l'élimination des hormones, induisant ainsi divers effets néfastes sur la
santé humaine. Leur toxicité est décuplée quand il sont mélangés. Un vrai effet cocktail !
Identification des principales sources de perturbateurs endocriniens
Les PE sont omniprésents dans notre environnement quotidien. Parmi les plus courants, on trouve :
- Les parabènes, présents dans les produits d’hygiène, les cosmiques et certains médicaments.
- Les bisphénols (BPA, BPS, BPF), utilisés dans les emballages alimentaires, les bouteilles en plastique, les boîtes de conserve.
- Les phtalates, composants des plastiques souples retrouvés dans les contenants alimentaires, les produits d’entretien, et les vernis à ongles.
- Les pesticides, présents dans l’alimentation et certains produits de soin.
- Le triclosan, un agent antimicrobien utilisé dans certains dentifrices et déodorants.
Les grand
Effets délétères sur la santé
L'exposition aux PE est associée à de nombreux effets sur la santé, notamment :
Chez l'homme : baisse de la qualité du sperme, anomalies de l'appareil reproducteur
Chez
la femme : puberté précoce, troubles hormonaux.
Chez
le fœtus et le nourrisson : anomalies du développement, risque accru de
diabète et d'obésité.
Les personnes qui sont considérées comme particulièrement fragiles sont :
Les femmes enceintes ou allaitantes, car il y a des transferts de la mère à l’enfant, pendant la grossesse notamment.
Les bébés, les enfants et les adolescents, car ils sont en pleine croissance et les hormones jouent des rôles clé dans les processus qui transforment leur organisme.
Les personnes atteintes d’un cancer hormono-dépendant.
Les bons réflexe pour une réduction de l'exposition aux perturbateurs endocriniens
Dans l'environnement domestique
Aérer pour évacuer les perturbateurs endocriniens présents dans l’air intérieur. On ouvre les fenêtres en grand deux fois 15 minutes par jour. Mais aussi à chaque fois qu'on augmente les sources de pollution à l’intérieur : quand on nettoie, quand on utilise beaucoup d’électronique (par exemple au bureau), quand on a rénové une pièce ou qu’on a acheté de nouveaux meubles ou un nouveau matelas…
Dépoussiérer et nettoyer régulièrement. Cela élimine les poussières et les perturbateurs endocriniens qui s’y sont accrochés. Si on utilise un aspirateur, on l’équipe d’un filtre HEPA pour retenir les particules fines.
Laver les objets, les textiles de déco avant de les utiliser : housse de fauteuil, coussins, tapis, tentures… Neufs, ils sont souvent riches en perturbateurs endocriniens.
- Pour le ménage, on utilise quelques produits de nettoyage simples et naturels (vinaigre blanc, bicarbonate de soude) ou porteurs d’un label. On les choisit polyvalents pour ne pas multiplier les détergents (et les composants chimiques) différents. On respecte bien les doses et conditions d’utilisation. Et on évite les désodorisants d’intérieur et les parfums d’ambiance, que ce soit à la maison, dans la voiture ou au bureau.
Choisir des objets, des meubles (meubles en bois massifs) et textiles avec des matériaux naturels, bruts, non traités portant des labels garantissant l'absence de substances toxiques (ex : OEKO-TEX, NF Environnement). On limite tout ce qui est plastifié car ça peut contenir des phtalates ou d’autres perturbateurs : revêtement de sol en vinyle, meubles en PVC ou contre-plaqué, papier peint plastifié, isolant en polyuréthane…
Eviter tissus ou peintures anti-taches, anti-moisissures ou insectides (acariens, mites, mouches, moustiques…).
Les produits d'hygiène et cosmétiques
Opter pour des produits simples et naturels avec peu d’ingrédients, idéalement sans parfum (par exemple une huile végétale pour hydrater sa peau plutôt qu’une crème à la composition complexe) ;
Faire confiance à son nez. Si une forte odeur chimique se dégage d’un objet, on l’évite.
Privilégier les cosmétiques certifiés bio (labels Écocert, Nature & Progrès).
Utiliser le moins possible les produits les plus problématiques comme le vernis à ongles, la laque pour cheveux, les teintures chimiques, les tatouages…
Limiter l'utilisation de produits contenant des parabènes, phtalates et triclosan.
Les vêtements
Préférer les vêtements labellisés (par exemple Oeko-Tex Standard 100, Ecolabel européen ou GOTS) ; les vêtements d’extérieur garantis « sans PFC » ; les chaussures en toile non traitée ou en cuir sans chrome. Plusieurs marques écologiques le spécifient. Sinon, on porte des chaussettes pour limiter le contact avec la peau.
Eviter les vêtements traités. Certains traitements sont indiqués : anti-insectes, imperméables, infroissables, anti-taches, anti-odeurs… S’il n’est pas facile d’obtenir l’information, on peut toujours demander si les fibres sont résistantes au feu ou si les colorations intègrent du formaldéhyde, des sels d’ammonium quaternaire ou des teintures au chrome…
Pour les jouets et les articles de puériculture
Choisir des jouets avec un marquage CE qui garantit le respect des normes européennes.
Respecter l’âge indiqué sur les jouets, comme le logo interdit aux 0-3 ans. Car la législation est plus stricte pour les jouets destinés aux tout-petits.
Sortir les jouets de leur emballage pour les aérer plusieurs jours et les laver à l’eau et au savon avant de les donner à son enfant. Pour les peluches, les laver au minimum deux fois pour éliminer au maximum les retardateurs de flamme.
Opter pour la seconde main est une bonne option mais éviter les jouets et articles de puériculture abîmés (plastique jauni, collant, cassant…) ou qui datent d’une époque aux normes moins strictes
Limiter les jouets gonflables : piscines pour enfants et brassards de bain peuvent contenir des phtalates et les libèrent en particulier quand ils sont exposés au soleil
Fuir les jouets parfumés ou qui ont une forte odeur (de plastique, de produit chimique…).
Derniers conseils
Se laver régulièrement les mains, surtout avant de cuisiner ou de manger. Cela permet d’éliminer les substances qu’on aurait sur les mains via les poussières, les produits utilisés…
Miser sur la variété pour ce qu’on renouvelle souvent comme la nourriture, les cosmétiques, les articles de puériculture, les endroits qu’on fréquente… Cela évite une exposition prolongée aux mêmes perturbateurs endocriniens. Car utiliser tout le temps le même produit nous expose en continu aux substances qu’il pourrait contenir.
Lire attentivement les étiquettes des produits et éviter ceux contenant des composés à risque.
Utiliser des applications mobiles pour identifier les produits sains.
Privilégier les achats en provenance de zones réglementées (Union européenne, Amérique du Nord).
Éviter les endroits et zones pollués, que ce soit pour habiter, faire du sport, se promener… Par exemple on évite de se loger juste au-dessus d’une zone à fort trafic et on consulte l’indice de qualité de l’air du jour avant de partir en balade.
Eviter la cigarette et la fumée de tabac à cause de leurs effets sur les systèmes neuroendocrinien, thyroïdien et reproducteur. Cela concerne aussi le tabagisme passif.
Eviter de manipuler les tickets (de caisse, de banque, de parking, de cinéma…). Si le Bisphénol A y est limité, il est possible que les substituts utilisés, comme le bisphénol S, ne soient pas plus sain.
Conclusion
La réduction de l'exposition aux perturbateurs endocriniens repose sur des choix quotidiens à la fois dans l'alimentation, les produits d’hygiène et l'environnement domestique. Une vigilance accrue sur la composition des produits et une préférence pour des alternatives naturelles permettent de limiter les risques et de protéger la santé humaine sur le long terme.